Jems : Créer l’esprit d’équipe dans une organisation décentralisée

Matthieu Lenz est Directeur Marketing et Communication chez Jems. Spécialiste de la data, Jems emploie plusieurs centaines de collaborateurs qui ne croisent parfois jamais. Dans un marché du travail tendu, où la rétention des talents aux compétences spécifiques est clé, il est indispensable de construire un sentiment d’appartenance et un esprit d’équipe fort.

Au micro de Masters of Comms, Matthieu détaille comment il fait en sorte que les collaborateurs tissent des liens, et qu’ils contribuent ainsi à bâtir l’« esprit Jems ».

MOC: Quels sont les services proposés par Jems et quelle est votre organisation pour les produire ?

Matthieu Lenz: Jems est une société spécialisée dans la création de plateforme de données pour les entreprises, afin qu’elles fournissent des services innovants, basés sur leurs données.

Nous avons développé une méthode unique de modélisation, avec des équipes d’experts basées à Nantes, à Lyon, à Genève et à Tunis. Nous sommes plus de 800 et si la plupart de nos consultants collaborent sur des projets avec le client, souvent ils ne se voient pas.

Dans ce contexte, c’est un défi majeur que de créer une cohérence d’entreprise et de marque avec des collaborateurs qui n’échangent que par écrans interposés. Nos valeurs d’entreprise sont fortes. Ce sont l’audace et l’engagement. C’est pourquoi nous attachons beaucoup d’importance à l’organisation de séminaires, plusieurs fois par an.

Ce sont des temps de rencontre, ludiques et festifs, durant lesquels la communication top-down est mise de côté. Nous souhaitons que les collaborateurs qui ne se connaissent pas puissent échanger, notamment à travers le jeu.

MOC: Ces séminaires sont des temps forts « présentiels », qui rassemblent les équipes physiquement, mais le reste du temps, comment faites-vous pour maintenir le lien, et même renforcer les relations ?

Matthieu Lenz: A l’aide de notre plateforme interne dédiée « Be Jems » par Sociabble, nous avons développé plusieurs axes de rapprochement des collaborateurs sur le digital et cela se voit dans notre approche éditoriale. Ainsi, notre chaîne « Défis » valorise le jeu pour entretenir l’esprit d’équipe.

Aussi, notre chaîne de veille sectorielle rencontre un grand succès, elle contribue à créer une culture commune au sein de l’entreprise. La chaîne dédiée aux petites annonces, qui met en avant les services entre pairs, génère beaucoup d’engagement.

Nous allons aussi donner davantage de visibilité aux événements créés localement, par les agences en régions. Ce sont des moments de qualité, qui unissent nos équipes dans la durée. Et nos séminaires annuels sont également l’occasion de partager et de conserver des souvenirs sur Sociabble. Tout cela est exposé au sein d’une architecture éditoriale à la fois utile et fédératrice.

MOC: Comment as-tu convaincu le top management d’investir dans cette stratégie d’engagement ?

Matthieu Lenz: Avant tout, nos dirigeants ont conscience des effets du turnover dans une entreprise comme Jems. Ils nous ont avant tout fait confiance. Les premiers séminaires se sont faits sans mesure des résultats, même si nous savions que c’était un succès par les retours informels que nous avions.

Lors des événements suivants, nous avons commencé à mettre en place des indicateurs directs et indirects pour convaincre les dirigeants et les investisseurs. Et aujourd’hui, à plus long terme, nous pouvons démontrer que le taux de rétention est meilleur. L’investissement produit ses effets.

MOC: L’engagement par le jeu est une technique très efficace, mais il n’est pas toujours évident de la mettre en place. Ça n’est pas toujours perçu comme sérieux. Comment avez-vous réussi à déployer des éléments de gamification dans votre stratégie d’engagement ? Comment injecter le jeu dans les activités professionnelles ?

Matthieu Lenz: Chez Jems, nous croyons fondamentalement aux vertus du jeu dans l’entreprise. Ça n’est pas qu’une action de surface. D’autre part, nos collaborateurs sont jeunes. Ils font partie d’une génération qui aime jouer et se défier.

Nous sommes convaincus que cela fait partie des gènes de l’être humain et chez Jems, nous ne souhaitons pas compartimenter les pratiques professionnelles et ludiques. Chacun reste la même personne, au travail ou à son domicile. Il faut donc offrir cette dimension dans l’environnement professionnel, tout en l’encadrant, bien sûr.

Mais surtout, il faut persévérer. Il se peut qu’au départ, la participation ne soit pas à la hauteur des attentes, mais cela finira par marcher. Et tant que l’on démontre les résultats, notre direction et nos investisseurs nous font confiance.

MOC: Quels indicateurs utilisez-vous pour mettre en évidence ces résultats ?

Matthieu Lenz: Il n’est évidemment pas facile de montrer les effets directs de la gamification. On ne peut pas vraiment dire si quelqu’un qui s’engage sur les éléments de jeu que l’on propose restera plus longtemps dans l’entreprise. En revanche, nous disposons d’autres indicateurs à long terme.

Sur LinkedIn, par exemple, nous sommes passés de 9 000 à 16 000 abonnés en 2 ans. On observe que nos collaborateurs aiment les publications, les commentent et les repostent. On mesure aussi précisément de nombreux indicateurs internes d’engagement, de création de contenu, ou de partage sur notre canal de communication interne Be Jems par Sociabble.

MOC: Quelles seraient tes recommandations pour un responsable de l’engagement collaborateurs dans une entreprise semblable à Jems ?

Matthieu Lenz:  D’abord, ne pas hésiter à me contacter. Je suis toujours ouvert aux échanges. Ensuite, je conseille de ne pas vouloir trop encadrer les animations et les dispositifs d’engagement. Il faut certes donner une direction et des objectifs, mais savoir aussi lâcher prise. Les événements qui marchent le mieux chez Jems sont parfois ceux que l’on organise un peu moins. Quand l’atmosphère est bonne, il faut accepter de ne pas respecter l’agenda à la lettre.

Et mon dernier conseil : ne jamais abandonner. Il vaut mieux continuer à proposer un dispositif auquel on croit dans la durée, même si ça ne prend pas tout de suite, que de montrer de l’incohérence dans la communication.

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